La Charente

La Charente (en saintongeais Chérente, en occitan Charanta) est un fleuve français du Bassin aquitain. Prenant sa source à Chéronnac dans la Haute-Vienne à 295 mètres d’altitude, elle traverse ensuite les départements de la Charente, une petite partie de la Vienne, la Charente à nouveau, la Charente-Maritime avant de se jeter dans l’océan Atlantique entre Port-des-Barques et Fouras par un large estuaire.

Le fleuve était connu, à l’époque gallo-romaine, sous le nom grec de Κανεντελος (Kanentelos). Cet hydronyme est mentionné par le célèbre géographe grec Claude Ptolémée en 140 après Jésus-Christ.

La plus ancienne mention en langue latine de la Charente se trouve dans un texte d’Ausone, poète gallo-romain du ive siècle, dont l’appelle Carantonus. Ensuite, on trouve les mentions médiévales Karente en 799, Karantona en 874, Carentum en 8915. Certaines formes anciennes sont similaires à celle de la Charentonne (Eure, Carentona 1050, Karentone 1339) et la Carantona, rivière d’Espagne.

La chute du suffixe -on- est attestée dès le haut Moyen Âge dans la forme Karente de 799.

Il existe un terme onno dans le glossaire de Vienne signifiant flumen « cours d’eau », dont la celticité est douteuse et qui serait issu du thème indo-européen *ud-r/n- (grec húdōr > hydro-, gotique wato « eau »), d’où *udnā « eau » > unna > onno. Certains rapprochent l’ancien suffixe -sur- de « Charente » de ce terme attesté et identifié avec davantage de certitude dans d’autres noms de rivières. Cependant, le non redoublement de -n- pose problème. Aussi, Ernest Nègre6 considère qu’il s’agit simplement du suffixe gaulois -ona.

Tout comme pour la terminaison, la nature du premier élément ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes :

Pierre-Yves Lambert reconstruit *Carantonā, dérivé de Carantō basé sur le thème gaulois *karant « ami, qui aime » cf. breton kar, kerant « parents ». Charente signifiait alors « cours d’eau ami » à cause de son cours prêté et paisible.

Ernest Nègre propose un préceltique *caranto « sable ». La Charente serait donc « la sablonneuse ».

La Charente a donné son nom :

au département de la Charente ;

au département de la Charente-Maritime, qui portait jusqu’en 1941 le nom de Charente-Inférieure en raison de sa position sur le fleuve ;

à la charentaise, pantoufle de feutre originaire de la région de la Charente.

La Charente est appelée Chérente en saintongeais, et Charanta dans le dialecte limousin de la langue occitane.

Départements, villes et communes traversés

Le département de la Haute-Vienne, trois communes.

Le département de la Vienne, dix communes et les villes de Charroux et de Civray.

Le département de la Charente, 78 communes dont d’amont en aval les villes de Gond-Pontouvre, Angoulême, Châteauneuf-sur-Charente, Jarnac et Cognac et quelques gros villages comme Verteuil-sur-Charente, Mansle et Bourg-Charente.

Le département de la Charente-Maritime, 35 communes dont d’amont en aval les villes de Saintes, Tonnay-Charente et Rochefort et quelques gros villages et bourgs comme Chaniers, Port-d’Envaux, Taillebourg et Saint-Savinien.

La longueur totale du fleuve est de 381,4 km, dont 224 km concernent le seul département de la Charente. Prise en ligne droite de sa source à son embouchure, sa longueur est seulement de 160 km, elle est plus que doublée par les nombreux méandres. La Charente se divise en plusieurs bras en divers endroits, formant des îlots dont la plupart sont inondables et inhabités.

La Charente se jette dans l’océan Atlantique par une large embouchure entre Fouras et Port-des-Barques en aval et au sud de Rochefort.

Son bassin versant est de 10 549 km2.

Comme l’a décrit le géographe Daniel Faucher : « la vallée de la Charente est à bien des égards le lien entre toutes les régions charentaises” et ” c’est en grande partie à son tracé qu’elle le doit »

La Charente naît dans la partie ouest du Massif central, correspondant au Limousin caractérisé par son socle de roches cristallines imperméables. Sa source se trouve à Chéronnac dans la Haute-Vienne à 295 mètres d’altitude, et elle coule vers le nord-ouest sur douze kilomètres avant d’entrer dans le département de la Charente au lac de Lavaud. Ce dernier est un lac artificiel formé par un barrage construit en 1990. Un affluent, la Trèze, alimente aussi le lac de Lavaud.

Peu après, le fleuve reçoit sur sa rive gauche la Moulde, sur laquelle le barrage de Mas Chaban a été construit en 1989. La Moulde est une petite rivière grossie du Cluzeau, du Mas de Lépi, du Turlut et directement sur la rive gauche du lac du Petit Pont[pas clair].

Cette partie de la vallée qui correspond à la haute vallée de la Charente constitue également un point de contact géologique entre le massif granitique de la Charente limousine et les terrains secondaires du calcaire jurassique inférieur des pays charentais dont la limite est Chantrezac.

Le cours du fleuve prend ensuite une direction nord-ouest et ses eaux entrent dans le département de la Vienne qu’elles traversent sur 47 kilomètres. Dans sa brève incursion en terre poitevine, la Charente reçoit sur sa rive droite le Transon, atteint Charroux, bourg situé sur son affluent de rive droite, le Merdançon, et vire à l’ouest vers Civray.

La vallée de la Charente entre Ruffec et Angoulême

En quittant la petite cité de Civray, le fleuve revient dans le département de la Charente où son cours se dirige alors plein sud. Il se caractérise dès lors par une vallée plus large et par de nombreux et profonds méandres, traversant un grand nombre de villages et bourgs pittoresques dont Condac, aux portes de Ruffec, Verteuil-sur-Charente et son magnifique château, Lichères et sa belle église romane, Bayers puis Mansle.

Sa vallée, en aval de Mansle, est alors appelée par certaines sources le Val d’Angoumois et, ce, jusqu’aux portes d’Angoulême, où les méandres prennent une ampleur maximale et ont calibré une large vallée. Cette appellation géographique relativement récente n’est toutefois pas utilisée localement.

En amont de Mansle, le fleuve reçoit sur sa rive gauche le Son-Sonnette, petit affluent formé du Son qui passe par Saint-Claud et de la Sonnette, puis la Charente reçoit la Bonnieure qui arrose Chasseneuil. Ces deux rivières s’écoulent plein ouest depuis Roumazières-Loubert. Il en est de même pour la Tardoire, cette dernière étant grossie des eaux du Bandiat et se jetant dans la Bonnieure. La Tardoire et le Bandiat ont également leurs lieux de source dans la Haute-Vienne et leurs cours remontent une direction nord-ouest en passant notamment pour la Tardoire par Montbron et La Rochefoucauld, et pour le Bandiat par Nontron en Dordogne.

De la source jusqu’à Mansle (alt. 55 m), la pente est forte avec un dénivelé de 185 m sur 127 km, ce qui rend impossible la navigation fluviale.

Depuis Mansle jusqu’au Port-du-Lys, en aval de Cognac (alt. 5 m), soit 130 km, la pente devient particulièrement faible. C’est alors que le fleuve paresse dans de larges méandres mais est accessible à la navigation fluviale à partir d’Angoulême.

Après un petit détour vers l’ouest où se nichent le gros village de Marcillac-Lanville dans la tête du méandre et le village de La Chapelle dans l’anse du même méandre et après avoir reçu l’Aume sur sa rive droite, le fleuve repart vers le sud et arrose des villages, des bourgs et des petites villes dont Montignac-Charente, Vars, Vindelle, Balzac, Saint-Yrieix-sur-Charente et Gond-Pontouvre avant d’arriver à Angoulême, la plus grande ville riveraine du fleuve.

La vallée de la Charente entre Angoulême et Cognac

Après Angoulême, le cours du fleuve se dirige résolument vers l’ouest. Le reste de son bassin versant est formé de terrains imperméables et de calcaires qui, une fois gorgés d’eau, se composent comme des terrains imperméables. Il reçoit notamment sur sa rive droite les eaux de la Nouère, de la Soloire et de l’Antenne et sur sa rive gauche celles de l’Anguienne, des Eaux Claires, de la Charreau, de la Boëme et du Né, ce dernier étant canalisé dans sa partie aval jusqu’à son lieu de confluence au Port-du-Lys, à la limite administrative des deux départements charentais.

Depuis Angoulême jusqu’au département de la Charente-Maritime, la Charente est née de nombreux bourgs et villes pittoresques qui sont d’amont en aval Saint-Michel, Trois-Palis, Nersac, Sireuil, Châteauneuf-sur-Charente, Vibrac, les villages gabariers de Saint-Simeux et Saint-Simon, Bassac, Jarnac, Bourg-Charente, Cognac et Merpins. Cette partie de la vallée prend alors parfois le nom de prée de Jarnac ou Val de Jarnac.

C’est à partir d’Angoulême que la navigation fluviale devient possible et, ce, jusqu’à Rochefort, c’est-à-dire sur 170 km. Du temps de la prospérité du trafic des marchandises sur le fleuve au xixe siècle, toutes les villes et nombre de villages étaient alors équipés d’un quai d’embarquement et d’expédition, la Charente était équipée ponctuellement d’écluses, et la voie de halage qui longe la Charente est l’illustration la plus parlante de cette activité révolue.

Saint-Savinien, une ravissante petite cité sur la Charente.

À partir de Cognac et notamment du Port-du-Lysnote 1 jusqu’à Saint-Savinien, de nombreux villages, bourgs et villes sont établis sur le fleuve dont, sur la rive droite, Dompierre-sur-Charente, Chaniers, Saintes, Taillebourg , Saint-Savinien et, sur la rive gauche, Brives-sur-Charente, Rouffiac, Port-d’Envaux, Crazannes. La vallée de la Charente prend alors parfois le nom de « Val de Saintonge ».

En Charente-Maritime, les affluents notables sont sur la rive droite, la Boutonne qui est le plus long affluent de la Charente, et sur sa rive gauche, la Seugne et l’Arnoult.

Si la navigation pour le transport de marchandises a totalement disparu au tournant du xxe siècle, la navigation de plaisance a pris le relais et connaît un bel essor assurant des liaisons touristiques depuis Saint-Savinien, Taillebourg, Saintes et Chaniers en Charente-Maritime et se prolongeant vers Cognac et Jarnac dans le département voisin.

Sur les 93 km de parcours en Charente-Maritime, la pente du fleuve est quasi nulle et l’effet de la marée qui se fait sentir jusqu’à Saintes ralentit l’écoulement jusqu’à Cognac et Jarnac, ce qui contribue à augmenter les inondations lors des crues, quelquefois spectaculaires. Les zones inondables en aval de Cognac jusqu’à l’estuaire s’appellent localement « les prées ».

La basse vallée et l’estuaire de la Charente

La basse vallée de la Charente commence au site fluvial de Saint-Savinien qui était encore au xixe siècle un important centre de batellerie sur le fleuve, car la marée s’y faisait assez sentir pour permettre la navigation maritime. Elle y est cependant insuffisante pour permettre l’accès aux navires modernes dont le tirant d’eau est supérieur à celui des navires d’autrefois. C’est donc désormais à Tonnay-Charente que les conditions du trafic maritime sont les plus favorables à la navigation moderne, le site portuaire pouvant recevoir des navires jaugeant plus de 5 000 tonnes. Avec Rochefort, ces deux villes fluviales, qui se situent toutes deux sur la rive droite du fleuve, sont des ports maritimes encore actifs aujourd’hui, permettant un trafic fluvial annuel d’environ un million de tonnes.

En aval de Rochefort commence l’estuaire de la Charente où le fleuve s’élargit rapidement et dessine deux profonds méandres avant de se jeter dans le Pertuis d’Antioche face à l’Île d’Oléron, et de rejoindre ainsi l’océan Atlantique . Sur la rive droite sont situés d’amont en aval Vergeroux, Saint-Laurent-de-la-Prée et Fouras tandis que sur la rive gauche se trouvent Soubise, Saint-Nazaire-sur-Charente et Port-des-Barques. Cet estuaire est marqué par des hauts fonds. Il était autrefois défendu par un fort situé sur l’Île Madame au sud, et par le fort Vauban à Fouras, au nord.

L’embouchure du fleuve s’élargit signifiait entre Fouras sur sa rive droite et Port-des-Barques sur sa rive gauche s’évasant sur environ quatre kilomètres.