Tunnel de Malpas
Long de 173 mètres, large de 6 mètres et d’une hauteur de 8,5 mètres, avec ses 30 arches qui soutiennent la voûte, ce tunnel venait d’éviter une écluse supplémentaire sur le tracé du canal, et prouvait la détermination d’un homme face à ses ennemis. Selon une tradition répandue, le tunnel y gagna son nom, « Malpas » signifiant « mauvais passage », mais il le doit en réalité au col du Malpas (d’une hauteur d’une cinquantaine de mètres) sous lequel il a été percé et nommé ainsi en raison de la mauvaise réputation des lieux.
Lorsque le chantier du canal du Midi atteignit la colline d’Ensérune, la déconvenue fut grande. Sous quelques mètres d’un sol très dur se cachait une montagne de grès très friable, sujette aux éboulements. Le ministre Colbert fut rapidement alerté de la situation, et fit interrompre les travaux. Les détracteurs de Riquet semblaient avoir réussi leur coup : la galerie venait d’être bouchée, et le chantier avait été déplacé. Le projet tout entier était ainsi menacé, et Colbert annonça la visite des commissaires royaux pour décider de l’avenir du canal. Riquet était sur le point de perdre son pari : il avait préféré percer cette colline plutôt que de suivre les conseils du chevalier de Clerville, architecte de Louis XIV, qui proposait de traverser l’Aude. La traversée du fleuve était un handicap majeur, car elle nécessitait l’interruption du trafic.
Victime d’une dangereuse cabale, Riquet demanda au maître-maçon Pascal de Nissan de continuer en secret les travaux, malgré les risques d’effondrements. En moins de huit jours, un tunnel d’essai fut percé, soutenu par une voûte cimentée de bout en bout. Il ne resta plus à Riquet qu’à guider l’intendant d’Aguesseau dans ce tunnel, à la lueur des flambeaux, pour le persuader de le laisser continuer les travaux.